Vous connaissez cette sensation de quand vous terminez un livre, quand vous finissez un film, une série, et que vous étiez tellement accroché à l'histoire, au monde même de l'histoire,cette sensation qui fait que vous sentez une déchirure au fond de vous-même, comme un manque affreux et profond, une envie de continuer à voir vivre ce monde, et même plus, à y vivre dedans.
C'est un peu l'effet que peut faire une rupture. On avait entrevu un futur, quelque chose pourrait durer, autant qu'on le peut, et puis à un moment, le fil se rompt, on lâche, à bout de souffle, on s'écroule. Et on regarde les routes se séparer, et on voudrait tellement que ça continue. Certes, il y a le manque de l'autre... mais derrière, plus que le manque d'un corps et d'un esprit, il y a le gouffre provoqué par l'absence de la somme de nos deux êtres, quelque chose de nouveau, qui était plus que la simple addition de nous. 
Et pourtant, il faut bien lâcher prise.
Il faut bien tourner la page, comme on le dit si bien - et si justement. On clôt un chapitre.
L'avantage d'un livre est qu'on peut retourner en arrière autant de fois qu'on veut, mais à chaque fois, on perd un peu plus le goût de la nouveauté, on se sent un peu trop familier face à cet univers que l'on aime. Et là on se rend compte qu'on ferait une erreur de recommencer, n'est-ce pas ? Parce qu'alors, on en viendra à haïr le fait de vivre dans ce monde, de haïr tout simplement le fait de ne plus aimer. La haine de la haine. On se déteste soi-même de vouloir recommencer à tout prix, de ne pas pouvoir passer à autre chose.
Parfois, on apprend de ses erreurs, et alors, on peut vivre à nouveau.

Certains, certaines... s'arrêtent là. Ils continuent tout simplement. Et ils ne font plus attention à ce qu'ils ont laissés derrière eux.
Et à ceux-là je dis : Vous avez tort.
Il y a une différence entre tourner la page, et faire table rase. Il faut garder à l'esprit tout ce qui a été, au nom de tout ce qui sera un jour.
On ne connait vraiment les gens qu'au moment où ils nient le temps passé ensemble. On verra alors d'un autre regard ceux qui se retournent quand il le faut, et tendront la main à leurs souvenirs.

Après tout, rien ne nous empêche d'écrire une autre histoire dans le même monde, non ?