Dimanche 25 avril 2010 à 20:43

Ne plus savoir ce qu'on est. Avoir un goût de cendre dans la bouche. Ne pas être si malheureux que ça, et se retrouver. Quand on se perd dans toutes ces facades que l'on s'est construites au fil des années, donner un semblant de maturité, et vouloir toujours en donner plus, à plus de monde. On perd la saveur des choses. Et il y a ces moments intenses où le frottement d'un tissu vous fait frissonner, où l'on lève la tête et l'on voit la lune, presque pleine, qu'on se dit " Bientôt, elle sera pleine. " et qu'on sourit de toutes ses dents dans la rue, à cette idée. Le bruit d'une cigarette qui brûle au coin des lèvres, petit bâtonnet de vie consumée. Revendiquer une part de ténèbres qui est en soi, et cette insouciance de la jeunesse immortelle, rire au son d'une chanson, danser au beau milieu de la nuit, à ne plus se soucier du reste du monde.
Briller, vouloir devenir un étoile qui brûle le reste du monde de son regard éternel et à jamais assouvi. Sentir cette force et forcer les gens autour de soi à graviter, à vous voir passer, ne plus baisser les yeux devant eux, vouloir se dire meilleur, mais hey, au moins égal, enfin. Sourire carnassier.
Dessiner les gens et les choses, sentir le vent dans ses cheveux, du haut d'un balcon, un jour de printemps parisien. Le regard d'un fille, le matin, la sueur de la passion de la chair. La chaleur des draps. La vaisselle de la soirée ensemble qui croupit dans l'évier. Ces appels d'un être qui était si important qu'on s'en mord les doigts de ne pas répondre, parce que c'est trop tard, parce que tellement de choses, parce qu'il faut avancer, parce qu'il faut bien oublier, parce que c'était trop tôt. Vouloir voler, le souffle du vent hurlant aux oreilles, les jambes battant l'air, les bras écartés, et l'on réalise qu'on était en train de tomber, admirer la beauté de la chose. Espérer que la chute dure à jamais. 
Se brûler de créer des choses, qu'elles prennent vie. Tout lâcher un soir et tout recommencer le lendemain. Prier que la voie qu'on a choisie sera la bonne, ne pas en faire trop, être qui l'on est, vraiment. Avoir peur que les autres ne soient pas ce qu'ils disent et qu'ils partent, que tout cela avait été fait en vain. Se retrouver seul. Recommencer, encore. Partir. Ces projets de vie, voyager, travailler, se remettre à croire en ce que l'on fait. 
Vouloir aider les autres malgré eux, et au final se faire aider soi-même avec un bon coup de pied au cul. Se remettre en question, et s'améliorer. Changer, vieillir, et rattraper le temps perdu. Garder les bonnes choses. Savoir apprécier les petites choses. Ne plus tourner en rond. 
Être soi-même, et laisser les autres en faire autant.




Et tout cela ne serait que du vent ?

Mercredi 7 avril 2010 à 6:27



 Encore une nuit d'insomnie plus ou moins volontaire. Cela faisait longtemps. Je dors mieux depuis quelque temps. Mais j'ai ces pensées qui me traversent la tête, et je me perds dans ma propre colère, qu'elles provoquent. Alors je tourne en rond, je met de la musique qui donne envie de crier, je fume, je bosse et je m'occupe l'esprit. Evidemment, ca ne suffit pas. D'où le retour à l'écriture.

 Il a dû se passer quelque chose, je ne sais pas quoi. Quelle douleur ais-je pu ressentir pour que j'en sois là aujourd'hui ?
J'ai l'impression de m'être renfermé complétement. Ma vie sociale est au mieux, au niveau taff ca roule, on bosse tous, j'adore ce que je fais, ma vie à Paris est plus prenante en une semaine que toute ma vie à Angers depuis le début. Alors pourquoi ce vide ?
Pourquoi cette ... absence de sensations ?

 J'ai l'impression de ne plus rien ressentir. Je suis juste vide. Si je m'interroge sur mes sentiments qui m'animent, il n'y a rien. J'arrive même pas à me mettre vraiment en colère, c'est provoqué, c'est se forcer à ressentir quelque chose, avec des musiques tristes, à ne pas dormir. C'est juste un gros fake pour donner l'impression que je suis encore en vie. ( Car comme chacun le sait, comment mieux se sentir en vie qu'en souffrant ? )

 Je me sens assez moi-même et bien dans ma peau. Je suis ce que je veux être, en soi. Mais c'est tout. Ca ne va pas plus loin. Je ne ressens rien.
Je suis un putain de robot. Où est passé l'époque bénie où j'étais heureux, où j'étais malheureux, où je pouvais saigner ?
Je me souviens de la dernière rupture, de cette putain de sensation qui me déchirait la poitrine presque physiquement. C'était horrible, et qu'est-ce que c'était bon. On pouvait se faire martyr, avoir le beau rôle, se la jouer solitaire, dire " ouais moi j'ai des putains de sentiments. "

Et maintenant quoi ? Qu'est-ce que je peux dire ? Qu'est-ce que je peux te dire ? Je ne veux faire du mal à personne. J'ai juste oublié. Oublié ce qu'on était, ce que je voulais. C'est à s'en taper la tête sur les murs. Depuis quand ? Pourquoi ? Ca ne vient que de moi et de mes mensonges à moi-même. Je ne veux blâmer personne d'autre que moi-même. Jamais quelqu'un d'autre.

Si je dois passer pour le connard de service et bien soit. Je le serai et je l'assumerai. J'ai peur de certains mots que je pourrais sortir. J'ai peur de blesser, j'ai peur que ça ne soit pas vrai, ou bien que ça le soit et que je ne veuille pas me l'avouer. Je ne sais plus quoi dire, quoi faire. J'ai juste envie de laisser couler le temps, de voir qui je serai demain, et continuer ma vie avec ça. Au moins je serai fixé sur ce que je ne suis pas.

J'aimerai bien qu'il y ait une clé, un miracle, que sais-je, que tout à coup la révélation se fasse ou qu'on me dise : " Mais c'était ça ! " et que bam ! les émotions ressortent à fond, que je me prenne tout dans les dents. Mieux vaut ça plutôt que rien, non ? Je crois pas que ça existe. Pas de solution miracle, rien que ne vienne sans effort, sans perdre forcément quelque chose d'important au passage. Il faut toujours en payer le prix, même si on s'en rend pas compte de suite. 

Je ne crois même pas avoir le choix. 

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast