Samedi 6 janvier 2007 à 14:17
N'est-ce pas amusant de ressentir de porter toute la douleur de son monde ?
N'est-ce pas terrible de savoir que l'on sera seul toute sa vie, et qu'on est le seul à le savoir ?
N'est-ce pas ironique de savoir que cette logique immuable et impitoyable se rappellera toujours à vous ?
N'est-ce pas horrible d'être sûr d'être condamné à être enfermé dans ce cube en verre ?
J'ai l'impression d'avoir toujours été seul, de l'être encore, et de l'être à jamais.
J'ai été mon propre père. Obligé de grandir, de comprendre, d'apprendre par moi même, en moi même, avec pour seul soutien la voix éternelle de ces héros, de ces ancêtres, peuplant les livres antiques et mystérieux.
C'est un terrible et grave sentiment que de croire que c'est là notre destin d'être seul et torturé, afin que, pour que les autres vivent heureux, ensembles et quelque peu insouciant de notre sort et douleur.
C'est horrible de se dire que, même si l'on hurle et si l'on crie, personne ne nous entendra jamais, personne ne se retournera vers nous, personne ne nous rassurera. N'être qu'un fantôme, que personne ne verra, n'être qu'un passage dans la vie des gens, une simple mélodie qui s'effacera avec le temps, comme je me fondrais pour eux dans la foule. Disparaître de la mémoire des gens.
Déjà j'ai peur que le processus ne soit enclenché. Déjà j'ai peur que ma fin ne soit irréversiblement précipitée, cette année encore. Déjà j'ai peur d'être peu à peu oublié, de voir les autres s'en aller sans se retourner un instant. Déjà j'ai peur de n'être pour eux plus qu'une ombre de moi même, condamnée à errer jusqu'à la fin de toute chose dans mon propre monde vide et désolé.
N'est-ce pas superbe de vivre dans un tel monde, où cette pensée pourrait à tout moment devenir réalité ?
J'ai peur, et ca me fait mal. J'ai mal, et ca me fait peur.
Mais je ne le montrerais pas. J'ai eu du mal à le dire ici, aussi. Je n'en parlerais pas. Rien ne transparaîtra devant vous. Quand je serais seul voire écarté, peut-être une ombre de cette douleur sortira de moi, mais rien de plus. Le masque que je suis depuis longtemps reprendra le dessus, ma coquille, ma cage en verre.
Mercredi 3 janvier 2007 à 16:58
De la Voie du Créateur :
Aujourd'hui encore tu souffre du grand nombre, toi qui est un :
aujourd'hui encore tu as tout ton courage et toutes tes espérances.
Mais un jour la solitude te fatiguera, un jour ta fierté se courbera,
et ton courage grincera des dents. Un jour tu crieras : " Je suis seul.
"
[...]
Tu en forces beaucoup à se déjuger à ton propos; et de cela ils t'en
veulent terriblement. Tu es venu près d'eux et tu as cependant passé
ton chemin : cela ils ne te le pardonneront jamais.
[...]
Solitaire, tu parcours le chemin du créateur : tu veux te créer un dieu à partir de tes sept diables !
Solitaire, tu parcours le chemin de ceux qui aiment, tu t'aimes
toi-même et c'est pourquoi tu te méprise comme ne se méprisent que ceux
qui aiment.
Ainsi parlait Zarathoustra.