L'homme marchait lentement, sur la route devenue boueuse par
la pluie torrentielle qui tombait alors. Mais il ne s'en souciait pas. Une
lueur brillait au fond des pupilles de l'homme.
Il était encapuchonné, enveloppé dans une cape pleine de poussière, de boue, et
d'autres tâches non identifiables. On ne distinguait de son visage que ces yeux, ces tâches lumineuses, ces deux points de lumière glauque, à faire frissonner les plus courageux.
L'orage grondait, les éclairs déchiraient le ciel. L'homme ne s'en souciait pas
plus que de la boue ou de la pluie. Il repensait au passé. Un rictus se forma
sur son visage, que l'on vit quand un éclair éclairat la route. Un visage très étrange. De ses yeux s'échappait des larmes, et
sa bouche formait un sourire cruel. Son visage était décharné... comme mort.
Laissant traîner sa longue épée sur le sol, il continuait de marcher, et tout à
coup, revit son visage. Elle était si jolie. Et elle était là rien que
pour lui. Et lui aussi, il était là que pour elle. Il était beau, elle était
belle. Ils étaient heureux, jeunes... et si vivants.
Il pleurait, et ses larmes se mélèrent à la pluie. Il riait, et son rire monta
dans la nuit, un rire dément, un rire de celui qui a tout perdu... Il l'avait
perdue...
Il ne souvenait plus comment, pourquoi. Mais lui... un jour, il partit. Et quand il revint, il
n'était plus. Elle pleurait, elle aussi, il l'a vu par la fenêtre. Il se
demanda pourquoi. Elle était habillé en noir.
En Deuil. Mais pourtant il était là. C'est alors qu'il vit son reflet dans la
vitre. Un visage mort, des yeux inhumain, une peau déchirée, putride... Il
n'était plus, et n'éprouvait aucune tristesse. Elle était vivante, et était
triste. Son cerveau fou ne comprit pas le pourquoi de la chose... il était là, alors pourquoi pleurait-elle ? Il choisit d'aller lui dire de ne plus pleurer.
Il a tué. Il l'a tuée... Avec son épée. Quand il fermait les yeux, il revoyait
son visage si terrifié, quand il est entré. Quand il a parlé, elle a poussé un
cri, mais il a vu dans ses yeux qu'elle l'avait reconnue. Il a tué celle qu'il
aime. Qui l'aime. Il l'avait tuée pour qu'elle le rejoigne. Mais elle n'était
pas revenue. Elle était partie dans le Néant.
Alors il était parti, hantant ce monde à jamais. Elle n'est plus, elle ne
souffrira plus.
Lui vivra sa mort, et souffrira à sa place.
Il souffrira à jamais pour eux deux.