" Vis ta vie par toi-même. Vis la pleinement, n'évite ni le malheur, ni le bonheur. Affronte le premier, et accepte le second. Alors, et alors seulement, tu comprendra ce qu'est la vie. Un combat, un laisser-aller. Il ne faut pas confondre les deux. Ne combat pas ton bonheur pour attirer le malheur à toi, ne fais pas comme moi.
Ne rejette pas la vie, pour que d'autres te la donnent. Donne la aux autres.
J'espère pour toi, mon fils, j'espère que ta vie sera heureuse.
Je t'aime. "
Mon père m'a ému aux larmes, mais je ne l'ai pas montré. Je lui ai dit merci. Mon père est quelqu'un de bien, mais il a du mal à s'en persuader. Il a du mal à se persuader d'être lui-même, en fait.
Je l'aime en tant que tel. Mon père m'accompagne comme il le peut, en pensée si il ne peut pas le faire en acte.
Je vais essayer d'exaucer son souhait. J'essaierais d'avoir une vie, au fond, heureuse.
Hélas... Mon père est rempli de doutes. Mon père ne sait pas s'il existe. Mon père ne sait pas si ma mère existe. Mon père ne sait même pas, si, quelque part dans le temps, j'existe.
Car mon père n'a que seize ans. Mon père écrit mes paroles, et mon père pleure en silence et sans larmes. Mon père ne sait pas si sa vie vaut la peine d'être vécue.
Mon père... est triste.
Va, vis, mon fils qui n'est pas.
Je t'aime de mon coeur, de tout mon être.
J'espère que tu seras rempli de joie,
Et que ta vie ne sera pas un mal-être.
Car tu seras ce que j'ai de plus beau ici,
Et quand tu verras ton reflet devant toi,
Tu comprendra que je t'offre tout de moi,
Et que le monde te portera dans l'infini.
Scintille de toute ton âme, de tout ton corps.
Offre la vie au monde.
Ne te consume pas en brûlant comme un phare.
Va, vis, mon fils qui n'est pas.