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Je suis un soldat. Américain probablement. Un soldat allemand est au dessus de moi. Je suis allongé sur le dos, à même la terre, à côté de mon meilleur ami, de mon frère, de mon alter ego.
Le soldat allemand beugle. Je comprend les mots, mais pas sa phrase. Tout ca m'échappe.
Il continue de crier. Nous restons impassibles. Le soldat pointe une arme vers nous. Il me crie dessus, me postillonne au visage, pointant sur 'lui' de son arme. Je ne dis rien. L'autre non plus. Nos pensées ne font qu'une. L'allemand a un rictus mauvais.
Il tire. Bruit assourdissant Je tourne à demi la tête. Je ne vois plus qu'un mort. Lui est moi. Je suis mort. Sa tête n'est plus que chair morte, froide et terreuse.
Pourtant je suis vivant. Je me vois, moi, comme lui, mort. Pourtant je suis vivant.
Alors quoi ? Je suis à moitié vivant, ou moitié mort voilà tout. Sur ce lit de camp, je pleure ma perte. Sa perte. Que faire, maintenant qu'il est parti ?
Je suis un fonctionnaire basique, sauf que je ne fais rien. Mon pote m'avoue avoir voulu être soldat. Je m'amuse avec ce meilleur ami. Nous enchaînons conneries sur conneries. J'ai même repeint une rue en bleu, imité une femme qui faisait des choses pas claires dans des toilettes, crié fort dans un stade de rubgy. Comme ils volent haut les joueurs. Je vois une femme et son gosse. Elle lui dit : ' Regarde, Papa est là bas. '
Moi je n'ai pas de Papa, et ne suis le Papa de personne. Je suis juste un con qui perd sa vie.
Je suis un adolescent. 19 ans ? J'attend dans le noir près d'une porte. Au loin crient des gens dans un stade de rugby. Que ce couloir est sombre ! J'attend un fille. Ouais, une chouette fille. Elle sort avec moi, yahoo ! Elle est blonde, si blanche, et tout. Si malicieuse. Elle veut pas me laisser rentrer. Pour cause, elle a pris son manteau et elle sort en me tenant la main. Elle est si brune... ce beau noir de peau est sublime... Ses yeux... noirs, ou bleu ? Nous marchons. Croisons des SDF avec un gros chien. Elle, avec sa chevelure rousse, de feu, et son regard d'émeraude s'assoie sur le banc.
Et là je prend conscience d'une chose. Sortir avec toutes les filles, c'est comme sortir avec aucune. Aimer toutes les filles, c'est n'en aimer aucune. Que faire ? Je vais devenir fou.
Je suis un clodo. Sale, hideux, railleur. Je regarde ces jeunes sur le banc. Moi aussi j'ai été jeune... Moi aussi...
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Voilà. Le rêve de cette nuit. J'ai noté que j'y suis toujours seul, que j'ai tous les visages, et au final aucun. Que dire de cela ?